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Maciej Junkiert deposited L‘archéologie sans objets et la poésie des objets : romantisme et postromantisme polonais in the group
Global & Transnational Studies on Humanities Commons 1 year, 9 months ago
Le romantisme constitue un moment où, dans le cas de la littérature polonaise, la nation est créée en tant qu’imagined community, pour reprendre la formule classique de Benedict Anderson. L’exploration du passé, conformément aux règles de l’historicisme romantique inspiré principalement des penseurs allemands tels que Friedrich Schiller et Friedrich Schlegel, était considérée par les romantiques polonais comme une source de connaissance de l’état spirituel de la nation et de son développement potentiel ; elle permettait également de comprendre la voie que la nation avait empruntée au fil de son histoire ainsi que les moments-clé et les nœuds de son parcours.
Parmi les différentes époques, il y en a trois qui furent reconnues comme étant décisives pour l’histoire polonaise. Il s’agissait d’abord de l’Antiquité gréco-latine : sa signification universelle pour la culture européenne et l’orientation des Lumières vers l’hellénisme marquèrent fortement la littérature polonaise; le Moyen Âge, au cours duquel le Royaume de Pologne s’était formé en tant que jeune État chrétien ; l’époque des premiers Slaves, autrement dit les origines de l’existence slave. Dans la suite du présent article, je m’intéresse surtout à ce dernier aspect, celui qui concerne l’histoire la plus ancienne des Slaves, tout en gardant les deux autres époques en arrière-plan. L’analyse est mise en perspective avec la fascination, alors naissante, pour les méthodes d’investigation scientifique permettant l’accès aux réalisations antiques de la culture slave ainsi qu’aux traces remontant aux origines de l’histoire slave. Je me concentre sur quelques œuvres-clés de deux poètes, Adam Mickiewicz et Cyprian Norwid, pour qui les liens entre littérature et archéologie constituaient un thème important.