• Du sage Varnava la merveilleuse apparition de sa vision avec exemple pour tous, cette traduction-recréation roumaine en vers du Dialogus du poète baroque hongrois Nyéki Vörös Mátyas, effectuée en Transylvanie en 1670, peut être considérée comme la première œuvre du pope Ioan de Vintz. Sur le plan européen, sa Vision de Varnava représente le dernier chaînon – d’une grande originalité, à travers l’invention du personnage-témoin du « sage Varnava », un hapax littéraire absolu – du modèle littéraire multiséculaire qu’incarne la vision sur la dispute de l’âme avec le corps. Le texte poétique roumain de 1670 nous apparaît ainsi comme le point d’orgue d’une tradition littéraire qui tend un énorme arc de cercle, dans l’espace et dans le temps, entre l’Orient orthodoxe d’expression grecque des quatre premiers siècles de l’ère chrétienne, foisonnant d’apocryphes apocalyptiques, et l’Occident catholique, fondateur des universités où la scolastique reprend et développe la renaissance byzantine, puis réformé, et finalement multiconfessionnel. Une tradition littéraire qui, s’adaptant à toutes les confessions qu’elle traverse, en les surpassant, et à tous les arts et genres artistiques, nous révèle, à travers ses inflexions baroques au XVIIe siècle, l’efflorescence de la conscience individuelle face à l’éternel problème de la mort.